TROUBLE IS MY BUSINESS – TOME 1

LE DÉCOR EST D’EMBLÉE PLANTÉ: TROUBLE IS MY BUSINESS EST UNE PURE ?UVRE de «gekiga» (images dramatiques), un genre de manga qui puise ses sources dans le Japon d’après-guerre, dans les bas-fonds de la société, et dans la réalité plus ou moins reluisante. Le héros de ce manga, dans la veine de ceux de Takao Saito (Golgo 13), appartient à la même génération que les auteurs, celle de ces 7 à 8 millions de Japonais nés à la fin des années 1940 et qui ont accompagné la transformation de leur pays, sorti exsangue de la Deuxième Guerre mondiale.
Dans les années 1970, le Japon achève une période d’une vingtaine d’années de rapide croissance, et devient la deuxième puissance économique mondiale, derrière les États-Unis. L’Amérique est un modèle pour les Japonais, qui commencent alors à voyager à travers le monde. La culture américaine (films, romans, musiques) inspire les créateurs nippons, et passionne les foules.
Alors que les deux chocs pétroliers de 1972 et 1979 affectent durement les économies occidentales, le Japon, lui, s’il en pâtit aussi, en sort grandi, grâce à sa capacité technologique. Il se sent pousser des ailes. C’est l’époque où les entreprises japonaises commencent à exporter leurs produits high-tech, au grand dam de l’oncle l’Oncle Sam qui s’agace de voir les Nippons racheter des empires comme le Rockefeller Center à New York ou les studios de cinéma Columbia et MGM.
S’ensuit une fuite en avant dans la spéculation financière et immobilière, laquelle ne va pas sans ses pendants: la corruption et la folie matérialiste, l’opulence et la décadence. Ainsi se forme, dans la décennie 80, une bulle dont l’éclatement, au début des années 1990, engendrera une crise, un désenchantement, une situation économique instable, toujours d’actualité qui dure encore et favorise les actes dramatiques.

Karyn NISHIMURA NISHIMURA-POUPÉEE