RIN BACKSTAGE

Auteur expérimenté, officiant depuis une quinzaine d’années dans le H, Hiroshi Itaba est un auteur X dont la réputation n’est plus à faire au Japon, où il a exercé ses talents dans plusieurs magazines, en se consacrant quasi exclusivement au sous-genre du oppai (grosso modo, femmes à gros seins). C’est pourtant la toute première fois que le mangaka est publié dans notre pays, et pour inaugurer ça, les éditions Taifu nous amènent l’un de ses titres les plus récents, Rin Backstage, sorti en 2011 dans son pays d’origine. Et en plus des femmes généreusement pourvues, l’auteur aborde ici un thème qui est, lui aussi, sujet à de nombreux fantasmes : celui des idols.

Toutes trois lycéennes, Emi, Fumiko et Rie, quand elles ne sont pas en cours, forment le populaire trio d’idols Rin. Aussi populaires dans leurs établissements scolaires que pendant leurs concerts, elles sont les égéries de bon nombre de fans. Mais ce que ces derniers ne connaissent, c’est la face cachée de ces chères demoiselles. Follement amoureuse de son petit ami, la belle Emi est obsédée par ses parties de jambes en l’air avec lui, et quel que soit le lieu, il lui faut assouvir sa soif de plaisir, au grand dam (ou bonheur, plutôt) de son copain qui a rarement son mot à dire et craque tout aussi facilement devant la coquinerie de sa chérie. De son côté, la brune Yumiko, en apparence si stricte et coincée, s’est récemment découvert une passion pour le sexe à plusieurs : elle aime se faire prendre… tant que son visage est camouflé et qu’on ne la reconnaît pas. Quant à la blonde Rie, elle, elle ne cache pas son plaisir dans les gangbangs que sa manager organise pour elle.

Mais leur quotidien bien huilé (sans mauvais jeu de mots, bien sûr) est soudainement mis à mal avec l’arrivée dans leurs écoles des trois filles composant l’autre groupe d’idols le plus populaire du moment. Et pour plaire à leurs fans, ces trois-là vont loin, très loin, n’hésitant jamais à utiliser leur corps pour les satisfaire totalement.

Dès les premières pages en couleur, jolie petite galerie mettant brièvement en scène toutes les filles du livre, le ton est donné : on aura affaire à un titre totalement décomplexé, où les filles sont toutes perverses et assument totalement leur désir de sexe, quel que soit le type de relations qu’elles veulent. Et ça, ça fait rudement plaisir à voir, si bien que l’on prend soi-même beaucoup de plaisir à voir s’ébattre ces filles qui font largement tourner les têtes de leurs partenaires. Et dans le déroulement du récit, cet aspect est clairement le plus plaisant, le reste étant malheureusement moins convaincant.

Du côté des points faibles, on note la sous-exploitation du sujet des idols, qui n’est vu qu’en surface et ne se ressent pas spécialement dans les scènes de sexe, d’autant que beaucoup de celles-ci se passent finalement hors du cadre musical (dans le lycée, par exemple).

Le vague scénario avec la rivalité entre les deux groupes n’est guère plus convaincant : si l’on aurait pu s’intéresser à la mentalité différente des deux groupes (pour conserver leur succès, les filles de Rin préfèrent s’entraîner avec acharnement, tandis que les filles du groupe rival font passer avant tout le plaisir des fans), l’ensemble est beaucoup trop vite passé en revue, et le sentiment de rivalité ne se ressent que très peu, y compris dans une fin de tome qui essaie pourtant de développer un peu ça.

Et dans la foulée, c’est aussi le manque de présence du groupe rival que l’on regrette un peu, celui-ci étant moins mis en valeur que Rin, malgré le fort potentiel des trois filles qui le composent (surtout la leader, délicieusement vicieuse, ses deux compagnes étant beaucoup plus effacées).

Du côté des dessins, on a ici du Itaba récent, et cela se sent. L’auteur peut s’appuyer sur ses nombreuses années de métier pour croquer des filles aux formes très bien mises en avant lors de scènes de sexe où l’on ressent bien toute la tension, et où l’on sent bien que ces demoiselles prennent beaucoup de plaisir sans la moindre gêne.

Il y a toutefois des choses moins convaincantes : la tendance des filles à toutes avoir le même gabarit et le même visage (enlevez-leur les cheveux et il n’est pas sûr qu’on les reconnaisse, le meilleur exemple étant Yumiko et l’autre brune du groupe adverse, qui se ressemblent trop), des problèmes de proportion par moment (yeux bizarrement placés, taille des jambes un peu étrange…), et une impression de confusion ressortant régulièrement des passages coquins, l’auteur ayant tendance à saturer ses pages et à ne pas y offrir un découpage bien délimité.

Au final, Rin backstage est un hentai très sympathique, que l’on prend à parcourir. Si le thème des idols est sous-exploité et que la mise en scène n’est pas toujours limpide, le trait de l’auteur s’avère séduisant, ses scènes coquines assez intenses, et ses héroïnes délicieusement décomplexées.

(Critique de www.manga-news.com)